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leurs découvertes réciproques ; et ce concours de lumières répand une clarté vive sur les matières les plus abstraites. On ne quitte point un sujet qu'on ne l'ait épuisé. L'esprit est occupé sans interruption de la même chose. Il s'en nourrit toujours plus à mesure qu'on avance dans la lecture. Rien n'interrompt la chaîne de ses idées. Il la sent s'étendre cette chaîne d'une manière d'autant plus agréable, que ses progrès son moins sensibles ; et les connoissances qu'il acquiert ainsi, ne peuvent qu'être pleines et complettes.

Il y a encore ici un avantage essentiel : c'est qu'une personne qui ne veut savoir que la Métaphysique et son Histoire, n'est pas obligé de lire plusieurs volumes, et de faire une acquisition considérable. Elle a dans un Livre raisonnable tout ce qu'elle souhaite. Les Géomètres, les Physiciens, les Astronomes, etc. satisfont de même leur goût avec une égale facilité d'attention et une pareille économie : parce que l'Histoire d'une classe de Philosophes est aussi parfait que l'Ecrivain a pu la faire, et que cette Histoire n'a aucun rapport direct avec celle d'une autre classe. C'est enfin la somme de ces Histoire particulières qui forme l'Histoire générale des Philosophes.

Ces raison ne m'ont pas permis de balancer sur le choix que j'avois à faire de ces deux méthodes qu'on peut suivre en écrivant l'Histoire des Philosophes. Celle de les ranger par classes ne m'a pas paru seulement la meilleure, mais le seule à laquelle je devois me conformer. Je viens d'exposer l'ordre de la distribution de ces classes d'après les principes de nos connoissances ; et c'est celui auquel je me suis assujetti. Je suivrai toujours pour la suite de l'Ouvrage le systême figuré que je donne à la fin de cette Préface.

Au reste, il ne s'agit ici que des Philosophes modernes, c'est-à-dire de ceux qui ont fleuri depuis la renaissance des Lettres, et qui forment jusqu'à nos jours le quatrième âge de la Philosophie, dont il convient de fixer l'époque.

On divise la Philosophie en quatre âges. Le premier comprend tout ce qui s'est passé depuis le Déluge, jusqu'au temps que les Grecs allèrent en Egypte pour y puiser le goût des Sciences. On ne connoît guères les Philosophes de ces temps. Seulement on sait qu'il y avoit des hommes en Egypte, en Lybie, en Perse, dans l'Assyrie et dans les Indes, qui s'étudioient à resserrer de plus en plus les noeuds de la Société, et qui par leurs moeurs autant que par leurs lumières, jouissoient des plus grandes distinctions. Le second âge est mieux connu, et c'est sans contredit celui où la raison a été le plus respectée. On doit aux Philosophes