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INDES ORIENTALES

conſeil que leurs en donnent ceux de la Compaignie, laquelle par ce moyẽ eſt aymee & cherie de ces nouuelles plantes Chreſtiennes, & d’autre coſté crainte, & redoubtee des Barbares, car le commun peuple ſait treſbien, que ces traicts & façons de faire, ſont de ſon inuention & prudence.

Il y a auſsi en ceſte Iſle vne ville fort renommee, à cauſe d’vne belle Egliſe dediee ſoubz le nom de ſainct Iean Baptiſte : les Seigneurs d’icelle, appellés Ganſares, tous eſtonnés d’vn ſi heureux progres & auancement de la foy Chreſtienne, vn iour teindrẽt conſeil pour deliberer de leur choſe publique, là où il y eut trois diuerſes opinions : l’vne que puis que la religion des Chreſtiens s’emparoit d’vne telle, & ſi eſtrange vehemẽce & impetuoſité de toute l’iſle, il valoit mieux pour ſauuer les ames, abandonner les biens, & ſe retirer en terre ferme. L’autre conſeilloit de laiſſer paſſer ceſte furie auec patience, car ſi toſt que le Viceroy Conſtantin, ſeroit parti des Indes, il n’y auroit plus ſi grãde preſſe. Mais vn vieillard honorable, & de grande autorité entre eux ſe leua, & dict, Meſsieurs, il ne vous faut pas tant fier au partement du Viceroy Conſtantin, que vous n’ayés deuant les yeux, que ceux de la Compagnie du nom de Ieſus demeureront touſiours icy, qui n’auront