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HISTOIRE DES

ment & à haute voix le ſymbole des Apoſtres, & les dix commandemens de la Loy, ce qui ſoudain luy attiroit vne grande multitude de peuple. Si ſa priere eſtoit pour vn malade, il la finiſſoit par quelque Euangile, mais quand c’eſtoit pour vn mort, il recitoit touſiours à la fin quelques Pſeaumes funebres, ou diſoit meſmes les nocturnes pour les treſpaſsés. Ayant ainſi continué ſon trauail iuſques à midy preſque, quoy qu’il fuſt bien las, & haraſſé, ſi ne paſſoit il pas vn ſeul iour pourtant, ſans faire vne leçon du Catechiſme, aux petis enfans. Si toſt qu’il auoit prins ſon repas, il donnoit audience à tous les Chreſtiens, appointant leurs differens, reſpondant à leurs queſtions, mettant la paix entre eux, & coupant toutes occaſions de noiſes, & de diuiſions : & ſur le ſoir, voire parfois de nuict, il alloit trouuer les perſonnes qu’il auoit aſſemblés quelque part, pour les inſtruire & preſcher. Mais tous ces labeurs deuenoyent encores plus aſpres, & difficiles à ſupporter, à cauſe des chaleurs exceſſiues du païs, & pour la grande poureté auſſi qu’il gardoit eſtroictemẽt, & la careſſoit tellement, qu’en tous ſes ſi longs voyages & peregrinations ſi eſtranges, il ne porta onq auec ſoy, ny bourſe, ny pannetiere. Ce qu’il monſtra meſmes aſſez clerement à Goa au Threſorier du Roy, ne voulant rien prendre