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Le fléau de la guerre actuelle ainsi proclamée, a été restreint et retardé, autant qu’il a été possible par un Monarque dont les vues pacifiques et désintéressées ne réclament des marques de votre ancien attachement que pour votre bonheur : contraint de repousser la force par la force, et des hostilités multipliés par des représailles qu’il a enfin ordonné ; si la nécessité porte ses armes ou celles de ses alliés dans un pays qui lui est toujours cher, vous n’aurez point à craindre les embrasements ni les dévastations ; et si la reconnaissance, si la vue d’un Pavillon toujours révéré par ceux qui l’ont suivi rappelle sous les drapeaux de la France, ou des États-Unis, des Indiens qui nous aimoient, et qui étaient comblés des présents de celui qu’ils appeloient aussi leur père ; jamais, non jamais, ils n’emploiyeront contre vous leurs trop cruelles coutumes de faire la Guerre : ils y renonceront, où ils cesseront d’être nos amis.

Ce ne sera point par des ménaces faites à nos Compatriotes que nous tacherons d’éviter de les combattre : ce ne sera point non plus par des injures proférées contre une grande et brave nation que nous savons respecter et que nous espérons de vaincre, que cette déclaration sera affaiblie.

Je ne dirai point en qualité de gentilhomme François à ceux d’entre vous qui le sont nés comme moi, qu’il n’est qu’une auguste maison dans l’univers, sous laquelle le François puisse être heureux et servir avec délices ; parceque son chef, et ceux qui lui tiennent le plus près par les liens du sang, se sont plû depuis une longue suite de Monarques, dans tous les temps, et se plaisent plus que jamais aujourd’hui à porter ce même titre que Henri IV regardoit comme le premier des siens. Je ne ferai point regretter ces qualifications, ces marques, ces décorations, trésors précieux à une façon de penser commune à nous tous et actuellement fermés, par notre malheur commun pour des Français américains qui savoient si bien s’en rendre dignes. Leur zele j’ose l’espérer et le promettre, les fera répendre bientôt sur eux : ils le mériteront lorsqu’ils oseront devenir les amis de nos alliés.

Je ne demanderai point aux compagnons d’armes de M. le Marquis de Levi ; à ceux qui ont partagé sa gloire, qui ont admiré ses talens son tact Militaire, qui ont chéri sa cordialité et sa franchise, caractère principal de notre Noblesse, s’il est d’autres noms chez d’autres peuples auprès desquels ils aiment mieux voir placer les leurs. Les Canadiens qui ont vu tomber pour leur deffense le brave Monsieur de Montcalm, pourroient-ils être les ennemis de ses neveux, combattre contre leurs anciens chefs et s’armer contre leurs parents ? à leurs noms seul, les armes leurs tomberoient des mains !

Je n’observerai point aux Ministres des autels que leurs efforts évangéliques auront besoin d’une protection particulière de la providence, pour que l’exemple ne diminue