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La rue des bourgeois, au centre de la ville, était la plus belle de Dinant. À la veille du sac de 1466, c’est dans les maisons de Laurent A brebis et de Henri de Huy, « les deux plus puissants hommes d’avoir de toute la bourgeoisie », que vinrent loger Charles le Téméraire et le Seigneur de Fiennes. Des débris du mobilier de ces riches demeures, des objets de parures et de vaisselle d’or et d’argent étaient encore recueillis un mois après, dans les ruines fumantes de la malheureuse ville[1].

De même que la fortune des bourgeois reposait sur la propriété foncière, celle des batteurs reposait sur l’industrie. Ce puissant métier, comme on l’a déjà dit, fut l’instrument de la prospérité de Dinant, comme les drapiers furent l’instrument de la prospérité de Gand, de Bruges, d’Ypres et de Louvain. C’est eux qui donnaient à la ville ce caractère essentiellement industriel qui lui reconnaît Henri de Merica. Située dans une étroite vallée, en dehors des grandes routes du commerce, son importance économique ne pouvait se maintenir que pour autant que se maintint chez elle la fabrication dont elle avait, en quelque sorte, le monopole dans les Pays-Bas. Aussi se préoccupait-elle soigneusement des intérêts du métier des batteurs. En 1455, trois compagnons endettés ayant quitté furtivement la ville pour aller s’établir en Angleterre, le conseil prie l’évêque d’intervenir car « le fait de ladite baterie est une grant partie du gouvernement et sostenement de la ville et… s’ensi estoit que les deseurdits parvenissent à leur intencion d’astorer baterie oudit roialme d’Angleterre, seroit la diminucion et en partie destruction de ceste vostre ditte ville[2] ». Les statuts des batteurs, que tous les membres devaient jurer d’observer, prescrivaient d’ailleurs que nul ne pouvait « enlever baterie » hors de Dinant.

On applique aujourd’hui le nom de Dinanderies à des objets

  1. Cartul. II, n. 160.
  2. Cartul. II, n. 80.