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date, le quartier de l’île était réuni à la ville. L’enceinte du côté septentrional dut être reculée dans la première moitié du xiiie siècle : en 1316, Leffe était atteinte par les travaux de défense. Au siècle suivant, Jacques du Clerq admire les faubourgs de Dinant enclos d’eau et fermés de bonnes murailles et forts comme une bonne ville[1].

À cette époque, Dinant comprenait dans ses murs onze paroisses, six hôpitaux, quatre béguinages, un couvent de frères mineurs et un de carmélites. Sur le pont s’élevait, depuis le commencement du xiiie siècle, une sorte de beffroi qui servait d’hôtel-de-ville ; au milieu du même siècle avait été construite l’admirable collégiale, preuve encore visible de la prospérité de la ville dès cette époque.

Il n’y a d’ailleurs qu’une voix chez les chroniqueurs pour reconnaître la richesse de Dinant et l’importance de son industrie. À la fin du xive siècle, les Gesta abbatum trudonensium la citent parmi les nobiles civitates de la Lotharingie[2]. Au xve siècle Philippe de Commines l’appelle ville très forte de sa grandeur et très riche, à cause d’une marchandise qu’ils faisoyent de ces ouvrages de cuivre qu’on appelle Dinanderie : qui sont en effect pots et poisles et choses semblables[3]. La bourgeoisie de laïens, dit le livre des trahisons de France[4], estoit d’anchienneté moult riche, jusques à ce jour auquel ils furent par lor orgueil et oultraige piteusement destruit, car tantost les biens meubles portatifs, comme vaisselle d’or et d’argent, de cœuvres, d’arrain et de laiton, dont ils estoient fort pourvus et de tous aultres vaisseaux, draps, linges, fers, plombs, aveucques toute autre chevance quelconque portative, tout fut ravy et transporté dehors. Henri de Merica constate de même que le butin des soldats bourgui-

  1. Jacques du Clercq ed. de Reiffenberg IV, 271.
  2. Gest. abb. Trud. ed. de Borman II, 116.
  3. Mémoires de Ph. de C. l. II, ch. 1.
  4. Ed. Kervyn de Lettenhove, Chroniques relatives à l’histoire de Belgique sous la domination des ducs de Bourgogne II, 257.