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Histoire

êtres dont nous venons de parler, le mieux est de se soumettre ; à l'autorité d'un maître ; car il est esclave par nature celui qui peut se donner à un autre ; et ce qui précisément le donne à un autre, c'est de ne pouoir aller qu'à ce point de comprendre la raison quand un autre la lui montre, mais de ne la pas posséder en lui-même[1]

Quoique moins positif qu'Arislote touchant l'origine de l'esclavage, Platon, par le fait, arrive à des conclusions semblables.

Selon lui, d’abord, l’esclavage est aussi difficile à justifier qu’à condamner ! c'est une nécessité sociale qu’il faut admettre bon gré malgré. « l'homme étant, dit-il, un animal difficile à manier, et paraissant se prêter avec une peine infinie à cette distinction de libre et d’esclave, de maitre et de serviteur, introduite par la nécessité, il est évident que l’esclave est un meuble bien embarrassant[2]» Il est sensible par-là que Platon ne croyait pas, au fond, à la légitimité morale de l'esclavage ; mais entraîné qu’il était sans doute par le fait régnant de son époque, il n’en trace pas moins avec prédilection les règles de ’il faut tenir à l’égard des esclaves ; il emploie son génie à faire tirer le meilleur parti possible des esclaves, comme partie intégrante d’une fortune publique ou privée.

En somme donc, Platon est un partisan de l’esclavage, non à la manière d'Aristote, qui s’efforce de le justifier en droit, mais bien parce qu’il ne conçoit pas d’autre idéal que le fait qu’il a devant lui. Platon admet l’esclavage parce que l’es-

  1. Pol. liv. I, chap. II
  2. Lois, liv. IV, Traduction de Grou.