Page:Histoire de l'imagerie populaire (IA histoiredelimage00cham).pdf/92

Cette page n’a pas encore été corrigée

même modèle. Il serait sans doute digne d’un artiste et d’un antiquaire de remonter à la source et d’en découvrir l’auteur, » dit M. Charles Nisard[1], et c’est ce que j’ai tenté de faire.

Déjà le bibliographe Grœsse avait signalé des histoires populaires d’Ahasvérus en Hollande, en Suède et en Norvège, ainsi que diverses éditions allemandes portant la date de 1602, 1619, 1634, 1645, 1661, 1681, 1697, ornées d’ordinaire, disait-il, « d’horribles gravures sur bois. »

Ces indications étaient précieuses en ce sens qu’elles indiquaient la route à suivre pour retrouver trace, par la gravure, de la notoriété du Juif-Errant en Europe. Elles concordaient d’ailleurs avec le fait cité par un ancien historien de Tournai, Cousin :

« Audict an 1616, dit-il, se vendoit publiquement à Tournay et ailleurs, par des porte-paniers, parmy d’autres cartes et images de papier, le portraict d’un Juif, à mon avis fabuleux, appelé Ahasvérus. »

Citation qui, maintes fois reproduite par les commentateurs de la légende, ne jetait aucune lumière sur une estampe que malheureusement l’historien. flamand, trop sceptique à l’endroit du Juif, avait laissé passer sans la décrire.

Il semble que plus une œuvre obtient de succès, moins elle a de chances d’être conservée. Les érudits

  1. Histoire des livres populaires et de la littérature du colportage, 2 vol. in-18. Dentu, 1864, t. I, p. 493.