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Soit dureté, peur, ou toute autre cause,
Le Juif refuse… Il va bien l’expier !

Tel est le début du poème de Pierre Dupont, bien inférieur au couplet suivant de la complainte :

Sur le mont du Calvaire
Jésus portait sa croix :
Il me dit, débonnaire,
Passant devant chez moi :
« Veux-tu bien, mon ami,
Que je repose ici ? »

Tout est à l’avantage du poète inconnu : netteté de dessin, simplicité du récit. Le Christ est bien le Christ de la Bible, doux, débonnaire. Pierre Dupont tente de le peindre et ne parvient pas à faire oublier le poète populaire :

Jésus se tourne, et de son beau visage,
Dont le soleil n’est qu’une pâle image,
Éblouissant le cortège atterré,
Il dit au Juif d’un air transfiguré :
« Tu vas partir pour un lointain voyage, » etc.

Lutte infertile avec l’auteur de la complainte, pleine de tendresse évangélique :

Jésus, la bonté même,
Lui dit en soupirant :
« Tu marcheras toi-même
Pendant plus de mille ans. »
..........

C’est en mettant en parallèle la complainte et le poème qu’apparaît la misère de l’art didactique.