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troduction du Juif-Errant dans un ballet de cour ne prouvait la popularité de la légende en 1638.

Pierre de l’Estoile raconte dans son Journal qu’il acheta au prix de deux sous « une fadaise curieuse ». Cette fadaise était la légende imprimée en 1609 à Bordeaux, avec le titre : Discours véritable d’un Juif-Errant, lequel maintient avec paroles probables avoir esté présent à voir crucifier Jésus-Christ et est demeuré en vie.

Telle est peut-être l’origine de l’opuscule qui, depuis deux siècles, fut constamment réimprimé à Troyes, à Orléans, à Rouen, à Limoges, à Épinal, à Montbéliard. À la légende est jointe une complainte, qui se chantait sur l’air des Dames d’honneur :

Le bruit couroit çà et là par la France
Depuis six mois, qu’on avoit espérance
Bientôt de voir un Juif qui est errant
Parmi le monde pleurant et soupirant.

Il suffit de donner le premier et le dernier couplet de cette complainte qui n’en a pas moins de dix- huit :

Quand l’univers je regarde et contemple,
Je crois que Dieu me fait servir d’exemple
Pour témoigner sa mort et sa passion
En attendant sa résurrection.

Dans cette première ballade, il n’est pas fait mention des cinq sous dont jouit toujours Isaac Laquedem, adjonction qui, à mon sens, décida du succès