« Harassé, il (le Christ) voulut s’arrêter et soulager son âme meurtrie en se reposant un instant sur un banc de pierre ; mais un misérable s’y opposa brutalement en lui disant : Va-t’en, roi des Juifs ! Va-t’en ! le lieu de ton supplice est proche : d’ici tu peux le voir !
« Et, en parlant ainsi, il le congédia brusquement. C’est alors que le Sauveur répondit : Moi, je vais au repos, mais toi tu veilleras, tu marcheras toujours[1]. »
Telles sont, avec un couplet suédois, les poésies et légendes étrangères qu’on a recueillies jusqu’ici sur le compte d’Ahasvérus.
Dans les représentations sacerdotales de l’Église au moyen âge, où le sacré et le profane étaient mêlés, le Juif-Errant quelquefois fit partie du drame en compagnie de Barabbas, de Marie-Madeleine, de l’ânesse de Balaam, etc.
De l’église le vagabond passa à la cour.
Un faiseur de ballets du dix-septième siècle imagina d’introduire le Juif-Errant dans le divertissement du Mariage de Pierre de Provence et de la belle Maguelonne[2]. Singulier ballet où apparaissent le Fou, un Médecin, des Baladins, des Muletiers ivres et la Reine des Andouilles.
Que pouvait faire Ahasvérus en pareille société ?