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Un autre contemporain de Louis XIII, Bulenger, mentionne la tradition qui représente le Juif comme ayant paru à Hambourg, en 1564, rôdant d’un bout de la terre à l’autre sans boire ni manger ; mais il traite fort dédaigneusement cette rumeur, et la renvoie aux esprits crédules.

Dom Calmet cite une lettre écrite de Londres par Mme de Mazarin à Mme de Bouillon, où il est dit que le Juif-Errant s’est montré, à cette époque, en Angleterre, racontant ses voyages. Suivant cette lettre, ajoute dom Calmet, « le peuple et les simples attribuent à cet homme beaucoup de miracles ; mais les plus éclairés le regardent comme un imposteur, et c’est sans doute le jugement que l’on doit porter de celui-ci et de tous les autres qui auront la même présomption ».

Ainsi les apparitions du marcheur éternel ne passèrent pas sans être contestées par divers écrivains. On lit dans le Discours véritable d’un Juif-Errant (Bordeaux, 1609) : « Plusieurs ont disputé de cet homme el de son histoire, pro et contra ; les uns affirment qu’il est vrai homme naturel ; les autres nient cela, et que c’est un spectacle mauvais, comme il est rapporté par leurs raisons. »

Mais que peuvent les esprits sensés sur les imaginations affamées de merveilleux !

Le dix-septième siècle était plein de commentateurs croyants, d’érudits patients, d’éplucheurs de textes, de liseurs sempiternels, de rats de biblio-