Page:Histoire de l'imagerie populaire (IA histoiredelimage00cham).pdf/63

Cette page n’a pas encore été corrigée

Un second, document est la Chronique rimée de Philippe Mouskes, évêque de Tournay, contemporain de Matthieu Paris, et qui traduisit presque mot à mot la légende du moine anglais en rimes barbares, dont il sera question à l’article Poésie.

Dans la plupart des livrets populaires se trouve un témoignage plus important, une lettre datée de Leyde du 29 juin 1564 :

« Monsieur, n’ayant rien de nouveau à écrire, je vous ferai part d’une histoire étrange que j’ai apprise il y a quelque temps. Paul d’Eitzen, docteur en théologie et évêque de Scheleszving, m’a raconté qu’étudiant à Wittemberg, en hiver, l’an 1542, il alla voir ses parents à Hambourg ; que le prochain dimanche, au sermon, il aperçut, vis-à-vis la chaire du prédicateur, un grand homme ayant de longs cheveux qui pendaient sur ses épaules, et pieds nus, lequel oyait le sermon avec telle dévotion qu’on ne le voyait pas remuer le moins du monde, sinon lorsque le prédicateur nommait Jésus-Christ, qu’il s’inclinait et frappait sa poitrine en soupirant fort. Il n’avait autres habits, en ce temps-là d’hiver, que des chausses à la marine qui lui allaient jusque sur les pieds, une jupe qui lui allait sur les genoux, et un manteau jusqu’aux pieds. Il semblait, à le voir, âgé de cinquante ans. Ayant vu ses gestes et habits étranges, Paul d’Eitzen s’enquit qui il était : il sut qu’il avait été là quelques semaines de l’hiver, et lui dit qu’il était Juif de nation, nommé Ahasvérus, cordonnier de son métier, qu’il avait été présent à la mort de Jésus-Christ, et depuis ce temps-là, toujours demeuré en vie… etc. »

Voilà la légende populaire actuelle qui a peu varié depuis le seizième siècle. Il ne fallait plus trouver que de nouveaux témoins ; ils ne manquèrent pas.

En 1575, deux ambassadeurs du duc de Holstein à