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tincts généreux, modifia plus tard la légende. Le portier Cartophile devient un cordonnier devant la boutique duquel passe Jésus qui réclame sa commisération, et en ceci tous se sont accordés à supprimer ce brutal coup de poing, un peu trop anglais, pour le remplacer par des paroles inhumaines ; mais la citation de Matthieu Paris n’est pas complète, et l’archevêque continue son récit :

« … Or ce Cartophile, qui, au moment de la Passion du Seigneur, avait environ trente ans, attend encore aujourd’hui, selon la parole du Seigneur. Chaque fois qu’il arrive à cent ans, il fait. une maladie que l’on croirait incurable, il est comme ravi en extase ; mais, bientôt guéri, il renaît et revient à l’âge qu’il avait à la Passion de Jésus-Christ ; en sorte qu’il peut dire véritablement avec le Psalmiste : « Ma jeunesse se renouvelle comme celle de l’aigle. » Lorsque la foi catholique se répandit, après la Passion Cartophile fut baptisé et appelé Joseph par Ananias, qui avait baptisé l’apôtre Paul. Il demeure ordinairement dans les deux Arménies ou dans les autres pays d’Orient, et vit parmi les évêques et les prélats des églises. C’est un homme de pieuse conversation et de mœurs religieuses, qui parle peu et avec réserve ; quand les évêques ou autres hommes religieux lui adressent des questions, alors il raconte les choses anciennes, et ce qui s’est passé au moment de la Passion et de la Résurrection du Seigneur. Il parle des témoins de la Résurrection, c’est-à-dire de ceux qui, ressuscités avec le Christ, vinrent dans la cité sainte et apparurent à plusieurs ; il parle aussi du symbole des Apôtres, de leur prédication ; et cela sérieusement et sans laisser échapper la moindre parole qui puisse provoquer le blâme, car il est dans les larmes et dans la crainte du Seigneur, qui le punira lors de l’examen du dernier jour, lui qui l’a provoqué à une juste vengeance en l’insultant. Beaucoup de gens viennent le trouver des contrées les plus lointaines, et se réjouissent de le voir et de l’entretenir. Il refuse tous les présents qu’on lui offre et se contente d’une