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cette conception bizarre, ils tentèrent de rajeunir le texte, croyant pouvoir triompher facilement de vers en révolte contre toute prosodie.

Les romanciers voulurent goûter au festin. Le Juif servit dès lors à des compositions sociales, où furent entassées toutes les aspirations modernes.

Les peintres aussi suivirent le courant ; de même que les dramaturges de boulevard voyaient dans la personnalité d’Ahasvérus un prétexte à grandes machines, divers artistes prirent à partie la figure du Juif et pourtant n’en surent rien tirer de particulier[1].

Mais c’est en Allemagne surtout que fut étudiée dans ses moindres détails la légende. Depuis la fin du treizième siècle jusqu’à nos jours, de nombreux commentateurs ont recherché curieusement son origine, ses variantes, ses imitations. Toutefois, à partir de la seconde moitié du dix-huitième siècle, les érudits allemands cédèrent le pas aux poètes qui, faisant assaut de rapsodies et de lyrisme, semblaient avoir reçu d’une académie l’invitation de versifier la légende du Juif-Errant.

Drames, tragédies ne manquèrent pas plus en Allemagne que sur nos théâtres des boulevards.

Quant aux écrivains qui spéculèrent sur le titre ou l’idée première (l’éternité d’un seul homme con-

  1. À l’exposition de 1863 on voyait une grande peinture du Juif-Errant, composition sans intérêt.