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par un parti ; je ne le crois pas. De tels dessins me paraissent spontanés, individuels, sans attaches. Jamais, au lendemain de guerres civiles, les hommes d’ordre n’ont pu, malgré leurs efforts, donner naissance à une œuvre qui exprimât aussi visiblement les causes des colères du peuple. Cela a été tenté plus d’une fois à notre époque, cela est resté à l’état d’utopie.

Un artiste assiste à une insurrection ; il voit que tel côté des barricades est plus arrosé de sang que l’autre. Plein de pitié pour les malheureux de bonne foi qui ont donné leur vie, croyant faire triompher des idées, il rentre chez lui, et, l’amertume au cœur, laisse aller ses crayons dont chaque trait écrit : Toujours la Mort sera avec vous !

Qu’un poète, plus tard, ait été chargé de commenter ces compositions, qu’il ait forcé la note, faisant de la plus éclatante des couleurs un épouvantail pour les esprits timorés, cela se peut. Trop souvent la plume, dans les révolutions, dépasse les violences du crayon, oubliant que le sang dont sont teintes les murailles, les pleurs des femmes dont les maris sont jetés dans les fers, la ruine de tant de familles sans chefs et toutes ces misères de croyants à de généreuses aspirations devraient commander la pitié et non l’insulte.

Il y a toutefois chez Reinick des élans qui manquent aux défenseurs habituels de l’ordre, et il faut citer les derniers vers de l’épilogue dans lequel le poète,