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l’avoine au cheval, l’ami du peuple écoute tous ces gens qui jouent, qui jurent et qui sacrent : « Par ces temps de république, combien vaut une couronne ? Pas plus qu’une pipe, » s’écrie la Mort.

Le peuple, toutefois, ne semble pas avoir confiance dans l’estimation de ce bizarre commissaire priseur qui ne fait aucune différence entre une couronne et une pipe. « Attention ! s’écrie la Mort, par farce, je vais vous le démontrer. » Elle prend sa balance, met dans un plateau la couronne, dans l’autre le bout de pipe. Voilà le peuple étonné. L’homme à la faux avait raison, les plateaux sont bien sur la même ligne. Une pipe vaut une couronne, puisqu’une couronne ne pèse pas plus qu’une pipe. C’est pourquoi une vieille aveugle s’enfuit effrayée, conduite par son enfant. — « Toi, femme aveugle, se dit la Mort, tu t’en vas, car tu vois plus clair que les autres. » Les démagogues, quoiqu’ils ouvrent de grands yeux, manquent de clairvoyance ; ils n’ont pas remarqué la tromperie de leur ami qui a pris la balance par l’aiguille, de telle sorte que les plateaux soient forcément toujours égaux.

— Liberté, égalité, fraternité !

Toute la ville crie ce cri et bien d’autres.

— la Maison de ville ! — Vive la république ! — Au marché ! au marché !

Les insurgés suivent la Mort, lancent des pierres dans les fenêtres, mettent le feu aux maisons. Les poutres craquent, les toits s’effondrent, les flammes