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Mensonge lui vola la balance pour les donner à ce compagnon-là. L’Orgueil tend à la mort un chapeau à plumes, la Fureur lui tient le cheval prêt, la Soif du sang apporte la faux. Hé ! créatures ! enfin voilà l’homme qui peut vous faire libres et égaux. »

La seconde planche est un chef-d’œuvre : c’est le matin qui «  du ciel regarde clair comme toujours sur les villes et les champs. »

La Mort, que Reinick appelle l’ami du peuple, est assise sur son grand cheval de brasseur ; elle trotte sauvagement, et de chaque coup du fer sur le pavé sort de terre une petite flamme. Les balances que la mort porte à la main trouveront leur emploi plus tard.

Des moissonneuses qui travaillaient dans les blés, voyant ce singulier chevaucheur, le cigare à la bouche, la faux sur l’épaule, s’enfuient vers la ville, dont on aperçoit au loin les remparts, les cheminées qui fument, la haute cathédrale, et les tours se détachant sur l’horizon.

Le peintre a dessiné ; c’est au tour du poète de parler :

La plume de coq sur le chapeau
Rougeoie dans le soleil, rouge comme sang,
La faux éclaire comme des rayons d’orage ;
Le coursier gémit, les corbeaux crient !

La Mort arrive à la ville, voit une auberge « et plus d’un convive devant. » Pendant qu’on donne