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que toujours la mort les suit et rit à chaque insurgé qui tombe ; mais le peintre et le poète paraissent si pénétrés de leur idée, que même les révolutionnaires, quoique la conclusion de ce symbole soit contraire à leurs aspirations, n’ont qu’à admirer s’ils ont le sens du beau.

Des légendes je donne une traduction littérale, afin que le lecteur se rende compte du souffle germanique qui a dicté cette œuvre.

« Toi, bourgeois, et toi, paysan, s’écrie le poète Reinick dans le prologue, regarde attentivement ces feuilles ; tu verras nue et sans habit une sévère image d’un temps sévère. Souvent il vient par le monde de prétendus nouveaux sauveurs qui parlent de puissance et de bonheur pour tous. Vous les croyez parce que cela vous plaît, voyez d’ici ce qu’il en est. »

Par ce début on peut juger de la pensée qui anime le poète.

La première planche représente les trois sœurs : Liberté, Égalité, Fraternité, habillées de riches draperies ; mais à la place des pieds, sous les plis des étoffes se voient des griffes. Les trois sœurs (trois furies plutôt, si l’on en croit le peintre) ont bâillonné la Justice, lui ont bandé les yeux et lié les mains. Pendant que la Justice est ainsi garrottée dans un palais en ruine, la Mort sort de terre. Alors parle le poète Reinick :

« L’Artifice rusé a volé l’épée de la Justice, le