Page:Histoire de l'imagerie populaire (IA histoiredelimage00cham).pdf/266

Cette page n’a pas encore été corrigée

Dans l’Image des quatre vérités,

Le prêtre dit : — Je prie pour vous tous.

Le paysan : — Je vous nourris tous.

Le soldat : Je vous défends tous.

Le procureur : — Je vous mange tous.

Cette estampe satirique fait mieux que nulle autre comprendre l’idée que se forme le paysan de la Justice ou, pour mieux dire, du tribunal où il a souvent assisté en qualité de plaideur. Il enveloppe dans une même raillerie tout ce qui touche à la magistrature. Pour le paysan, juge, procureur, huissier ne font qu’un ; ils portent la même robe.

Qui pense ainsi ? Le plaideur ; mais combien ne compte-t-on pas de plaideurs parmi les paysans ?

C’est en cette matière surtout qu’apparaît le trait d’union qui relie l’Imagerie à la littérature populaire. Ce sont des sœurs jumelles qui se quittent rarement et se prêtent un mutuel appui. Ce que ne dit pas l’une est exprimé par l’autre et c’est pourquoi il est utile de signaler divers ouvrages sur les plaideurs qui, s’ils n’ont pas fourni de motifs particuliers aux imagiers, leur ont tracé des épisodes.

La Bibliothèque bleue fut la Bible des tailleurs sur bois ; on ne peut passer cette Bible sous silence.

Les Normands excitaient surtout la verve des anciens conteurs par leur singulier amour des procès et leur esprit de chicane. Qui dit Normand