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Cette farce a duré six siècles ; mais je crains que sa dernière heure ne soit sonnée.

Le comique et plus particulièrement le grotesque sont soumis à des variations de modes qui se font sentir aujourd’hui plus que jamais. Nous sommes devenus plus délicats, on peut presque dire meilleurs, en ce sens que les difformités physiques prêtent plus aujourd’hui à la pitié qu’à la risée.

J’ai montré dans l’Histoire de la Caricature moderne la grandeur et la décadence de Mayeux. La farce des bossus tirait ses éléments de succès des mêmes moyens. Trois bossus amusaient extraordinairement le peuple au dix-septième siècle : les premières années du gouvernement constitutionnel furent emplies par les mésaventures du fameux bossu.

Ce genre de déviations nous laisse froids aujourd’hui, et on n’y trouve guère matière à rire. Sans médire de l’art flamand, on se demande pour quel motif les Flamands du dix-septième siècle se plaisaient à peindre des extirpeurs de loupes tenant le patient dans leurs mains armées de bistouris, et conviant tout le village à une opération qui faisait éclater de rire chacun. Il faut la profonde entente de la couleur d’un Brawer pour nous faire oublier le côté sanglant d’une telle chirurgie qui n’évoque à l’heure actuelle aucune idée plaisante.

Il en est de même des bossus du théâtre de Tabarin. Et, si j’ai prêté quelque attention à ce Grat-