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la Farce des bossus. On a dit (et je laisse ceci à débattre aux érudits plus autorisés que moi), que le récit primitif nous vient de conteurs italiens ; cependant au tome III du Recueil des fabliaux de Barbazan, on trouve l’histoire en vers des Trois bossus, d’un certain poète Durand, qui paraît avoir vécu au treizième siècle[1].

À ce fabliau je préfère le conte de Straparole (journée V, nouvelle iii). Le stratagème de la femme qui se débarrasse de son mari est le même que chez Tabarin ; mais le thème italien contient d’autres détails plaisants.

Berthaud de Valsable a trois enfants bossus et mâles, du nom de Jambon, Breton et Santon.

Jambon, après une querelle avec ses frères, quitte le toit paternel et va chercher fortune en Italie. Il est d’abord garçon épicier à Vérone, d’où on le chasse à cause de sa gourmandise. Jambon est chargé par son patron de porter trois figues à un voisin : « Étant assailly par sa gourmandise, le traître dit à sa gueulle : Mange, mange, pauvre homme, un affamé ne regarde à rien. Et pour autant qu’il étoit assez gourmand par nature, joint qu’il étoit affamé comme un loup, il print le conseil de la gorge et empoigna une de ces figues,

  1. Les amis de l’arrangé pourront relire la collection de Legrand d’Aussy (tome 1V, p. 256), qui en a donné, en 1829, une sorte de traduction, ou plutôt une imitation.