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croche, et qui vomit par toutes ses ouvertures de larges pièces monnayées. Poète, peintre, cordonnier, marchand de vin, boulanger, procureur, se pressent pour attraper au vol quelques écus.

Cette estampe date du dix-septième siècle, et dernièrement encore Glénarec, fabricant d’images de la rue Saint-Jacques, la réimprimait sur une planche du Directoire qui représente, entre autres personnages, une fille de joie (tel est le texte) dénouant son écharpe pour la remplir des générosités du Diable d’argent. Le symbole de l’image est si clair, qu’un de mes amis en ayant acheté une épreuve à mon intention, m’écrivait : « J’ai trouvé ce trésor dans une échoppe au coin de la rue Vieille-du-Temple. La foule s’extasiait. J’ai eu peur qu’elle ne s’ameutât contre moi, parce que je la privais de son beau spectacle. »

Les princes admirent habituellement les œuvres didactiques de versificateurs qui, mettant en antagonisme l’Honneur et l’Argent, passent momentanément pour de grands moralistes ; les amplifications desdits moralistes disparaissent pourtant, aussi délaissées qu’elles avaient jeté de semblants d’éclat. La curiosité constante du peuple pour les estampes populaires où l’argent joue le premier rôle, témoigne de la supériorité des modestes imagiers qui ont laissé des feuilles volantes plus durables que les amplifications bourgeoises de ces assommants La Chaussée.