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une de ces crises gouvernementales où le bourgeois inquiet ferme sa bourse et achève de miner un trône qu’il lui tarde de voir occuper par un nouveau souverain ?

Une figure accessoire du drame, l’oie, qui tenant une bourse dans son bec, crie : Mon oie fait tout, rappelle le fameux mot du gouvernement constitutionnel : Enrichissez-vous. Mais cette oie appartient à des époques antérieures.

Dans la fameuse estampe représentant le cabaret de Ramponneau[1], au milieu des dessins plaisants qui couvrent les murs, entre Bacchus sur son tonneau et M. Prêt-à-boire qui s’écrie : J’ai soif, on remarque le portrait d’un homme mélancolique au-dessous duquel est charbonné : Crédit est mort, tandis qu’à côté une oie s’avance en criant : Monnoye fait tout.

Monnoye fait tout est un calembour de la race des jeux de mots que se plaisaient à fabriquer les conteurs de la Renaissance. Ce calembour se retrouve également sur d’anciennes enseignes. « On voit encore près des piliers des halles, dit M. Jaime (Musée de la Caricature, 1838), une enseigne de cordonnier : Prenez tous mes souliers et laissez là mon oye. »

Le peuple garde longtemps ses plaisanteries, et

  1. Voir une reproduction de cette gravure, en tête des Chansons populaires, par M. Ch. Nisard, Dentu, 1867, 2 vol. in-18.