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qui me paraît devoir rester au second rang des petits chefs-d’œuvre français.

Je sais bien que quelques esprits aujourd’hui se gendarment contre la conclusion du conte : « Misère restera sur la terre tant que le monde sera monde. »

Cette conclusion est mal vue du dix-neuvième siècle qui ne veut plus entendre parler de la misère comme d’une chose « divertissante, » qui s’est armé plus d’une fois, a combattu et versé le sang au nom de cette misère, ceux-ci se révoltant, ceux-là voulant comprimer l’audace d’ouvriers sans ouvrage, demandant du pain.

Hélas ! ce ne sont ni les coups de fusil, ni le sang versé qui éteignent la misère. La douce plainte du conteur qui montre le bonhomme résigné, content de son sort, ne demandant qu’à récolter les fruits de son poirier, est plus persuasive qu’un canon de fusil.

Oui, Misère restera sur la terre tant que le monde sera monde ; mais il ne faut pas prendre ce dénoùment comme une raison d’État, un axiome inflexible qui pousse les gouvernants à détourner les yeux des souffrances des masses.

En étudiant de près le sens de la légende, qui ne laisse pas trace d’amertume dans l’esprit du lecteur, on voit combien le conteur a adouci les angles de la Misère, comme il a eu soin d’en enlever la faim cruelle, la maigreur livide, et ces mille détails si-