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et je suis perdu si vous n’avez jamais eu de femme.

« — Pas si bête ! reprit brusquement saint Pierre ; et mal te viendra de t’être cru plus avisé que moi, car tu vas redevenir aussi pauvre qu’avant de m’avoir rencontré.

« Le bonhomme voulait demander grâce et conserver au moins quelques rentes ; mais il se retrouva sur la terre, et aperçut à la porte de sa chaumière sa femme qui filait comme autrefois de mauvaises étoupes. Rien n’était changé ; seulement la chaumière menaçait encore plus ruine, et les vêtements de la femme étaient encore plus délabrés. Dès qu’elle le vit, elle se leva toute colère et lui reprocha de prendre toujours conseil du tiers et du quart, et de ne pas être un homme ; mais il alla couper un bâton dans la haie et elle se tut.

« Bientôt après elle mourut du chagrin d’avoir tout perdu par sa convoitise. Quant au bonhomme Misère, il se consola en pensant qu’il avait perdu aussi sa femme, et continua à chercher son pain. Si vous le rencontrez, faites-lui la charité pour l’amour de Dieu. »

La morale de ce conte est claire, mais petite en comparaison de l’enseignement donné par le texte de la Bibliothèque bleue. Ici le bonhomme Misère n’apparaît plus avec la douce résignation qui fait penser aux figures naïves, agenouillées sur les mo-