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« — Est-ce aujourd’hui que tu vas le demander à saint Pierre ?

« Quelquefois même elle le réveillait tout exprès, et ne manquait jamais de verser quelques larmes. D’abord le bonhomme ne répondit rien, puis il haussa les épaules, puis il lui ordonna de le laisser tranquille, et elle pleurait de plus en plus tous les jours et se plaignait d’être bien malheureuse ; enfin, dans un moment de bonne humeur, il lui dit un matin en plaisantant :

« — Non, ce sera demain.

« Elle l’embrassa deux fois, fut charmante toute la journée, et descendit à la cuisine pour que le dîner fût prêt à l’heure. Son mari vit bien qu’il était inutile de chercher midi à quatorze heures. Il prit le lendemain ses habits du dimanche et monta d’échelette en échelon. Arrivé à la porte, il frappa, l’oreille bien basse : Pan ! pan !

« — Te revoilà donc, importun ! s’écria saint Pierre sans ouvrir la porte : je le savais bien que tu serais insatiable.

« — Grand saint, répondit humblement le bonhomme, pardonnez-moi encore cette fois, comme je pardonne à ceux qui m’ont offensé. C’est ma femme qui l’a voulu ; elle est un peu tourmentante, mais elle a du bon : la vue de la misère lui fend le cœur, et elle assure que si elle était reine et que je fusse roi, les pauvres gens ne seraient plus si pauvres.

« — Puisque c’est par charité que tu me demandes