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« Le bonhomme redescendit d’échelette en échelon, et ne se reconnut pas chez lui : il y avait une grille devant la cour, des canards qui nageaient sur une mare bien propre, des poules qui caquetaient à la porte d’un poulailler, et des fauteuils dans toutes les chambres. Inutile de vous dire que la femme était bien contente : ce jour-là elle s’assit dans tous ses fauteuils et se regarda dans toutes ses glaces. Le lendemain elle vêtit et dévêtit toutes ses robes ; le surlendemain elle donna des ordres à ses servantes toute la journée ; mais le quatrième jour elle s’ennuya beaucoup, et ne sachant plus que faire chez elle, elle alla se promener dans la campagne. Elle revint toute triste et se coucha sans souper.

« — Croirais-tu bien, dit-elle à son mari, dès qu’il fut éveillé, que j’ai rencontré hier notre voisin, et qu’il ne m’a pas saluée ?

« — Il y a des gens si mal élevés ! répondit le bonhomme Misère ; mais je n’y puis que faire on ne doit le respect qu’au roi et à la reine.

« — Eh bien, s’écria-t-elle tout en colère, pourquoi ne serions-nous pas roi et reine comme les autres ? Si tu l’avais demandé à saint Pierre, il est juste et ne t’aurait pas refusé… Certainement, lui redit-elle le lendemain, saint Pierre ne pourrait pas te le refuser ; le bon Dieu lui a dit qu’il voulait que tu fusses content.

« Et tous les matins elle lui répétait aussitôt qu’il ne dormait plus :