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de suer plus longtemps à la peine. Si peu que vous voudrez, mes bons messieurs, et je serai content.

« — Donne-lui une fève, dit le bon Dieu, et recommande-lui d’être content.

« Saint Pierre secoua la tête, mais il mit la main. à sa poche.

« — Tiens, dit-il, grand fainéant, le bon Dieu veut que tu sois content ; et il lui donna une fève.

« Le bonhomme s’en revint tout joyeux, et il raconta à sa femme qu’il avait vu le bon Dieu.

« — Tant mieux pour toi, si cela t’a suffi, répondit-elle. Qu’est-ce que tu veux que j’en fasse, de ta fève ? Le bon Dieu aurait dû te donner un peu de bois pour la faire cuire, un peu de beurre avec un peu de sarriette pour l’embeurrer, et seulement une cuiller pour la manger. Mais personne ne se soucie des pauvres.

« Le bonhomme trouva aussi qu’une fève crue était un bien petit régal pour deux personnes, et, comme il n’avait pas de jardin, il la planta dans l’âtre de sa cheminée. La fève ne tarda pas à pousser. Elle grandissait à vue d’œil. Le soir, elle sortait déjà par le haut de la cheminée, et le lendemain matin on n’en voyait plus la cime : le curé lui-même ne put l’apercevoir avec ses lunettes. Deux jours après, la femme dit à son mari :

« — Le bon Dieu ne l’a pas attrapé ; sa fève était vraiment d’une bonne espèce ; va cueillir ce qu’il nous faut pour notre dîner.