Page:Histoire de l'imagerie populaire (IA histoiredelimage00cham).pdf/191

Cette page n’a pas encore été corrigée

fermement, pourvu qu’on ait une foi suffisante. »

Voici donc une légende contée du Bonhomme Misère et non écrite ; et il est à remarquer que cette légende est populaire dans le pays où le véritable Misère a le plus de racines, c’est-à-dire à Rouen, à Caen, à Falaise, qui furent, après Troyes, les foyers les plus actifs de la Bibliothèque bleue.

« Il y avait ici près un bonhomme si pauvre, qu’on l’appelait le bonhomme Misère. Un jour qu’il avait pris sa besace et qu’il cherchait son pain le long des chemins, il rencontra deux messieurs très bien couverts, qui regardaient attentivement à droite et à gauche : c’étaient le bon Dieu et M. saint Pierre, qui voulaient s’assurer par eux-mêmes si le percepteur ne pressait pas trop le pauvre monde, et ils n’étaient pas contents.

« — La charité, s’il vous plaît, je suis le bonhomme Misère.

« — Tu es grand et fort, dit saint Pierre en le regardant de travers, et la mer est pleine de poissons ; mais tu te crois peut-être un gentilhomme pour ne pas travailler ?

« — On ne peut pas pêcher avec la main, répondit le bonhomme Misère ; saint Pierre lui-même, qui était pourtant un grand saint, avait des filets, et encore ne trouvait-il pas que le métier fût bon, puisqu’il a mieux aimé être crucifié la tête en bas que