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il les laisse échapper, les mains encore pleines du fruit dérobé, à condition qu’ils n’y reviendront plus ; et que de fois on y revint à ce pauvre poirier du bonhomme !… Plus j’y réfléchis, plus je considère l’histoire et le caractère de la race gauloise, plus je me trouve confirmé dans l’idée que le conte du Bonhomme Misère n’est que la mise en œuvre (à l’aide de matériaux étrangers) d’une pensée née sur le sol français[1]. »

M. Ch. Nisard également pense que la légende est d’origine française. « Les Italiens qui nous l’ont empruntée, dit-il, n’auraient fait que changer le lieu de la scène. C’est ainsi du moins que Boccace, Bandello, Sansovino, Straparole et bien d’autres en ont usé, toutes les fois qu’ils nous ont pris nos contes, et l’on peut dire qu’ils nous les ont pris presque tous. C’est une vérité qui a été démontrée d’une manière invincible par M. V. Leclerc, comme il est aisé de s’en assurer dans le tome XXIII de l’Histoire littéraire de la France, et dans son Discours sur l’étude des lettres en France au quatorzième siècle. Ce sont nos trouvères qui ont défrayé de contes, non seulement l’Italie, mais toute l’Europe ; et telle était l’ignorance où nous étions de nos anciennes richesses littéraires manuscrites, que lorsque nous pensions, en les tradvisant, faire des em-

  1. Revue de l’Instruction publique, 10 octobre 1861.