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Lors de mes premières études sur ce sujet, quelques critiques trouvèrent la question de l’origine italienne assez importante pour la traiter avec développement, et entre ceux-là M. Félix Franck, dont l’article tout entier pourrait être cité.

« Quant à la provenance italienne, s’il paraît impossible de la contester en ce qui concerne les incidents fantastiques du conte, l’idée de personnifier la misère, d’en faire non un être de raison mais un être humain, et de résumer en quelque sorte la vie de tout un peuple sous la figure d’un individu, cette idée, j’inclinerais. fort à le croire, est sortie entièrement d’un cerveau gaulois. Le Bonhomme Misère, en France, et Jacques Bonhomme, c’est tout un. »

À ce propos, M. Franck esquisse rapidement une histoire du peuple, du dixième au dix-huitième siècle, ce peuple chez lequel « on peut relever des marques d’impatience, de rares colères où l’emporta la fièvre de la misère ; il murmura des doléances, essaya des remontrances à faire frémir quelquefois de douleur ; mais comme le pauvre hère du conte, il fit preuve d’une incroyable clémence, et on sait le nombre de ses Jacqueries. Aussi, que demandait-il ? Un peu d’adoucissement à ses peines, un peu d’allégement aux charges qui le grevaient. Qui accusait-il et qui prit-il parfois entre ses mains puissantes, quoique ce fussent mains d’esclaves ? Nuls, sinon ceux qui complotaient sa ruine (comme le voleur de poires du conte), sinon ceux qui le trahissaient ou le pressuraient. Que de fois, pourtant,