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Ce que dit si justement M. Frédéric Baudry à propos des chansons populaires peut s’appliquer aux contes ; le poli, le rejet de détails, le choix, le goût, sont faciles à observer dans la comparaison de Misère et de Federigo.

Étant donné que le Bonhomme Misère soit issu d’un conte italien, quelle simplification de détails lo conteur français a apportée dans sa composition ! Federigo forme trois souhaits, Misère seulement un. La Rivière, l’auteur présumé de l’histoire du bonhomme, s’est contenté du fameux poirier pour vaincre la Mort ; par cet unique souhait il se montre supérieur au conteur napolitain qui, en faisant intervenir Jésus-Christ pour lui demander d’ensorceler en sa faveur un oranger et un escabeau, n’a pas obéi à la poétique de la littérature populaire qui doit sans cesse progresser en intérêt et en moyens nouveaux.

La Mort reste clouée à l’oranger de Federigo, l’invention est bonne ; mais quand elle revient, cinquante ans plus tard, et qu’elle se laisse prendre à cet escabeau, sur lequel elle reste assise jusqu’à ce qu’elle ait souscrit à la volonté du propriétaire, je trouve la Mort quelque peu naïve d’être prise par un moyen à peu près identique au premier, dans une maison qu’elle doit déjà redouter. Et voilà pourquoi la légende du Bonhomme Misère me paraît supérieure à Federigo le récit court plus vite et mène à un dénoûment plus inattendu.