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M. Mérimée confirmait mon opinion sur la provenance italienne du Bonhomme Misère par un court récit, Federigo, « populaire dans le royaume de Naples », disait le conteur[1].

Federigo est un jeune seigneur prodigue, joueur et débauché qui, ayant hébergé Jésus-Christ accompagné de ses douze apôtres, lui demande trois grâces à son souhait, ce que le Christ accorde spontanément. Federigo désire d’abord être possesseur de cartes qui le feront toujours gagner ; son second souhait se formule ainsi : « Faites que quiconque montera dans l’oranger qui ombrage ma porte n’en puisse descendre sans ma permission. » Il demande encore que celui qui s’assiéra sur l’escabeau, au coin de la cheminée, ne puisse s’en relever sans sa volonté. À l’aide de ces trois conditions que lui a accordées Jésus-Christ, Federigo gagne douze âmes à Pluton, et par deux fois il triomphe de la Mort qui s’est laissée prendre à l’oranger et à l’escabeau.

Quelques-uns de ces détails sont analogues à ceux de la légende du Bonhomme Misère ; ils ne s’en séparent qu’au dénoûment. Federigo, pour avoir fait pacte seulement d’un certain nombre d’années avec la Mort, est obligé de la suivre en enfer, où il resterait éternellement si Jésus-Christ ne lui pardonnait d’avoir employé son jeu de cartes à tirer

  1. Une mosaïque, par l’auteur du Théâtre de Clara-Gazul. Paris, Fournier, 1832, 1 vol. in-8°.