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Je m’aperçois, dit la Mort, que je suis aujourd’hui entrée dans une fâcheuse maison pour moi. Enfin, bon homme, je commence à m’ennuyer ici : j’ai des affaires aux quatre coins du monde, qu’il faut qu’elles soient terminées avant que le soleil soit couché. Voulez-vous arrêter le cours de la nature ? Si une fois je sors de cette place, vous pourrez bien vous en repentir.

Non, lui répondit Misère, je ne crains rien ; tout homme qui n’appréhende point la Mort est au-dessus de bien des choses : vos menaces ne me causent pas la moindre émotion ; je suis toujours prêt à partir pour l’autre monde, quand le Seigneur l’aura ordonné.

Voilà, lui dit la Mort, de très-beaux sentimens, et je ne croyois pas qu’une si petite maison renfermåt un si grand trésor. Tu peux te vanter, bon homme, d’être le premier dans la vie qui ait vaincu la Mort. Le Ciel m’ordonne que de ton consentement je te quitte et ne revienne jamais le voir qu’au jour du jugement universel, après que j’aurai achevé mon grand ouvrage, qui sera la destruction générale de tout le genre humain. Je te le ferai voir, je te le promets ; mais, sans balancer, souffre que je descende, ou du moins que je m’envole : une Reine m’attend à cinq cents lieues d’ici pour partir.

Dois-je ajouter foi, reprit Misère, à votre discours ? N’est-ce point pour mieux me tromper que vous me parlez ainsi ? Non, je te le jure, jamais tu ne me