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mal ? Que ne vous promenez-vous dans le vaste univers, au milieu de tant de grandes villes et de si beaux palais ? Vous trouverez de belles matières pour exercer votre barbarie. Quelle pensée fantasque vous avoit pris aujourd’hui de songer à moi ? Vous avez, continua-t-il, tout le temps d’y faire réflexion ; et puisque je vous ai à présent sous ma loi, que je vais faire du bien, au pauvre monde que vous tenez en esclavage depuis tant de siècles ! Non, sans miracle, vous ne sortirez point d’ici que je ne le veuille.

La Mort, qui ne s’étoit jamais trouvée à une telle fête, connut bien qu’il y avoit dans cet arbre quelque chose de surnaturel. Bon homme, lui dit-elle, vous avez raison de me traiter comme vous faites ; j’ai mérité ce qui m’arrive aujourd’hui, pour avoir eu trop de complaisance pour vous, cependant je ne m’en repens pas ; mais aussi il ne faut pas que vous abusiez du pouvoir que le Tout-Puissant vous donne dans ce moment sur moi. Ne vous opposez pas davantage, je vous prie, aux volontés du Ciel. S’il désire que vous sortiez de cette vie, vos détours seroient inutiles, il vous y forcera malgré vous ; consentez seulement que je descende de cet arbre, sinon je le ferai mourir tout à l’heure.

Si vous faites ce coup-là, lui dit Misère, je vous proteste sur tout ce qu’il y a au monde de plus sacré, que tout mort que soit mon arbre, vous n’en sortirez jamais que par la permission de Dieu.