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pondit la Mort, et jamais bon soldat ne se laisse désarmer ; mais je regarde qu’il vaut mieux cueillir avec la main cette poire qui se gâteroit si elle tomboit monte sur ton arbre, dit-elle à Misère. C’est bien dit si j’en avois la force, lui répondit-il ; ne voyez-vous pas que je ne sçaurois presque me soutenir ? Eh bien ! lui répliqua-t-elle, je veux bien te rendre ce service ; j’y vais monter moi-même et chercher cette belle poire, dont tu espères tant de contentement.

La Mort, ayant grimpé sur l’arbre, cueillit la poire que Misère désiroit avec tant d’ardeur ; mais elle fut bien étonnée lorsque voulant descendre, cela se trouva tout à fait impossible. Bon homme, lui ditelle en se tournant du côté de Misère, dis-moi un peu ce que c’est que cet arbre-ci ?

Comment, lui répondit-il, ne voyez-vous pas que c’est un poirier ? Sans doute, lui dit-elle ; mais que veut dire que je ne peux pas en descendre ? Ma foi, reprit Misère, ce sont là vos affaires. Oh ! bon homme, quoi vous osez vous jouer à moi qui fais trembler toute la terre ! À quoi vous exposez-vous ?

J’en suis fâché, lui dit Misère, mais à quoi vous exposez-vous vous-même de venir troubler le repos d’un malheureux qui ne vous fait aucun tort ? Tout le monde entier n’est-il pas assez grand pour exercer votre empire, votre rage et toutes vos fureurs, sans venir dans une misérable chaumière arracher la vie à un homme qui ne vous a jamais fait aucun