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vie toujours assez pauvrement ; mais il avoit l’esprit content, puisqu’il jouissoit en paix du petit revenu de son poirier, et que c’étoit à quoi il avoit pu borner sa petite fortune.

Cependant l’âge le gagnoit : étant bien éloigné d’avoir toutes ses aises, il souffroit bien plus qu’un autre ; mais sa patience s’étoit rendue la maîtresse de toutes ses actions ; une certaine joie secrette de se voir absolument maître de son poirier lui tenoit lieu de tout. Un certain jour qu’il y pensoit le moins, étant assez tranquille dans sa petite maison, il entendit frapper à sa porte, et fut si peu que rien étonné de recevoir cette visite à laquelle il s’attendoit bien, mais qu’il ne croyoit pas si proche. C’étoit la Mort qui, faisant sa ronde dans le monde, étoit venue lui annoncer que son heure approchoit, qu’elle alloit le délivrer de tous les malheurs qui accompagnent ordinairement cette vie.

Soyez la bien venue, lui dit Misère sans s’émouvoir, en la regardant d’un grand sens froid, et comme un homme qui ne la craignoit point, n’ayant rien de mauvais sur sa conscience, ayant vécu en honnête homme, quoique très pauvrement.

La Mort fut très-surprise de le voir soutenir sa venue avec tant d’intrépidité. Quoi ! lui dit-elle, Lu ne me crains point, moi qui fais trembler d’un seul regard tout ce qu’il y a de plus puissant sur la terre, depuis le berger jusqu’au monarque ? Non, lui dit-il, vous ne me faites aucune peur : et quel