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de temps qu’il étoit ainsi en faction. Il n’est pas encore quitte, leur répondit-il ; vous voyez bien par expérience qu’il est convaincu du vol de mes poires, puisqu’il ne peut pas descendre de dessus l’arbre, comme vous venez de le faire ; il y restera tant que je l’ordonnerai, pour me venger du tort que ce larron m’a fait depuis tant d’années que je n’en ai pu recueillir un seul quarteron.

Vous êtes trop bon chrétien, monsieur Misère, reprirent les deux voisins, pour pousser les choses à une telle extrémité ; nous vous demandons sa grâce pour cette fois ; vous perdriez en un moment votre honneur, qui est si bien établi de tous côtés, depuis tant d’années que votre famille demeure en cette paroisse. Faites trêve à votre juste ressentiment, et lui pardonnez selon votre bon cœur à notre prière ; au bout du compte, quand vous le ferez souffrir davantage, en serez-vous plus riche ?

Ce ne sont pas les biens ni les richesses, reprit Misère, qui ont jamais eu aucun pouvoir sur moi. Je sais bien que ce que vous me dites est véritable ; mais est-il juste qu’il ait profité de mon bien sans que j’y trouve au moins quelque petite récompense ? Je payerai tout ce que vous voudrez, s’écria le voleur ; mais, au nom de Dieu, faites-moi descendre, je souffre toutes les misères du monde.

À ce mot, Misère lui-même se laissant toucher dit qu’il vouloit bien oublier sa faute et qu’il lui pardonnoit ; que pour lui faire connoître que l’inté-