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avec un bissac plein de pain et un grand fagot de broussailles sur sa tête, qu’il avoit été ramasser dans les haies, fut terriblement étonné de voir trois hommes au lieu d’un seul qu’il avoit laissé sur son poirier. Ah ! ah ! dit-il, la foire sera bonne, à ce que je vois, puisque voici tant de marchands qui s’assemblent. Mais, je vous apprendrai à venir voler les poires du pauvre Misère. Est-ce que vous ne pouviez pas m’en demander, sans venir de la sorte me les dérober ? Nous ne sommes point des voleurs, monsieur Misère, ni envieux de vos poires. Hé ! que veniez-vous donc faire ici, mes amis ? dit Misère aux deux derniers venus. Miséricorde ! monsieur Misère, nous sommes des voisins charitables venus exprès pour secourir un homme dont les lamentations et les cris nous faisoient pitié ; quand nous voulons des poires, nous les achetons au marché, il y en a assez sans les vôtres.

Si ce que vous me dites là est vrai, reprit Misère, vous ne tenez à rien sur cet arbre, vous en pouvez descendre quand il vous plaira ; la punition n’est que pour les voleurs. En même temps, leur ayant dit qu’ils pouvoient tous deux descendre, ils le firent tous deux promptement et ne sçavoient que penser de l’autorité qu’avoit Misère sur cet arbre.

Ces deux voisins étant à terre remercièrent Misère de ce qu’il venoit de faire pour eux, et le prièrent en même temps d’avoir compassion de ce pauvre diable, qui souffroit extraordinairement, depuis tant