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homme Misère, qui n’en pouvoit pas descendre.

Hé ! que diable fais-tu là, compère ? lui dit un des deux voisins. Ilé ! que ne descends-tu ? Ah ! mes amis, s’écria-t-il, le misérable à qui appartient ce poirier est un sorcier ; il y a deux heures que je suis sur cette branche sans en pouvoir sortir ; j’ai beau faire des efforts, c’est inutile. Tu te trompes, reprit l’autre, Misère est un très honnête homme ; il n’est pas riche, mais il n’est assurément pas sorcier, ou nous le verrions dans un autre état que celui auquel il est depuis tant d’années. Peut-être que c’est par une permission de Dieu que tu es demeuré branché de la sorte, pour avoir voulu lui voler ses poires. Quoi qu’il en soit, la charité chrétienne nous oblige à te soulager. Disant cela, ils montèrent l’un à une branche, l’autre à l’autre, et se mirent en devoir de débarrasser leur voisin, mais ils n’en purent venir à bout ; ils lui eussent plutôt arraché tous les membres l’un après l’autre que de le tirer de là. Après plusieurs efforts inutiles : Il est ma foi cnsorcelé, se dirent-ils, il n’y a rien à faire, il faut en avertir la Justice, descendons. Ils se mirent en devoir de sauter en bas ; mais quelle surprise pour ces pauvres gens de voir qu’ils ne pouvoient non plus remuer que leur voisin !

Ils demeurèrent de la sorte jusqu’à vingt-trois heures et demie[1], que le bon homme Misère revint

  1. C’est environ midi en Italie, car les heures se comptent de suite jusqu’à vingt-quatre, puis recommencent par une.