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ensuite je ferai un bon feu sous mon poirier pour vous enfumer comme un jambon de Mayence.

Miséricorde, monsieur Misère, s’écria le dénicheur de poires ; pardon pour cette fois, je n’y retournerai de ma vie. Je le crois bien, lui répondit l’autre ; mais, tandis que je te tiens, il faut que je te fasse bien payer le tort que tu m’as fait.

S’il ne s’agit que d’argent, reprit le voleur, demandez-moi ce qu’il vous plaira, je vous le donnerai. Non, lui dit Misère, point de quartier ; j’ai bien besoin d’argent, mais je n’en veux point, je ne demande que la vengeance et te punir, puisque j’en suis le maître. Je vais, dit-il en le quittant, toujours chercher du bois de tous côtés, et ensuite tu apprendras de mes nouvelles ; ne perds pas patience, car tu as tout le temps de faire de belles. réflexions sur ton aventure. Ah ! ah ! gaillard, continua-t-il, vous aimez donc les poires mûres ? On vous en gardera.

Misère s’en étant allé et laissé le pauvre diable sur son arbre, où il se donnoit tous les tourmens du monde, et faisoit toutes sortes de contorsions pour en sortir sans y pouvoir parvenir, il se mit à lamenter et cria tant qu’on l’entendit d’une maison voisine. On vint au secours, croyant que, dans cet endroit écarté, ce pouvoit être quelqu’un qu’on assassinoit. Deux hommes étant accourus du côté où ils entendoient qu’on se plaignoit, furent bien surpris de voir celui-ci monté sur l’arbre du bon.