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navant personne ne toucheroit à ses poires qu’à bonnes enseignes ; qu’il pouvoit hardiment sortir ; que si, durant son absence, quelqu’un étoit assez hardi que de monter sur l’arbre, il l’y trouveroit lorsqu’il reviendroit à sa maison, et qu’il ne pourroit jamais en descendre que de son consentement.

Je le souhaite, dit Misère en riant. C’étoit peut-être la première fois de sa vie que cela lui arrivoit ; aussi croyoit-il que Pierre ne lui avoit parlé de la sorte que pour se moquer de lui et de la simplicité qu’il avoit eue de faire un souhait si extravagant.

Les voyageurs étant partis, il en arriva tout autrement que Misère n’avoit pensé, et il ne tarda pas à s’en apercevoir ; car le même voleur qui avoit enlevé ses plus belles poires étant revenu le même jour, dans le temps que l’autre étoit allé chercher une cruche d’eau à la fontaine, il fut surpris, en rentrant chez lui, de le voir perché sur son poirier, et faisant toutes sortes d’efforts pour s’en débarrasser.

Ah ! drôle, je vous tiens, commença à lui dire Misère, d’un ton tout à fait joyeux. Ciel, dit-il en lui-même, quels gens sont venus loger chez moi cette nuit ! Oh ! pour le coup, continua-t-il, parlant toujours à son voleur, vous aurez tout le temps, notre ami, de cueillir mes poires, mais je vous proteste que vous les payerez bien cher par le tourment que je vais vous faire souffrir. En premier lieu, je veux que toute la ville vous voie en cet état,