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tinua-t-il, si vous aviez quelque grâce à demander à Dieu, de quoi s’agiroit-il, que souhaiteriez-vous ? Ah ! monsieur, dit-il, dans la colère où je me trouve contre les fripons qui ont volé mes poires, je ne demanderois rien autre chose au Seigneur, sinon que tous ceux qui monteroient sur mon poirier y restassent tant qu’il me plairoit, et n’en pussent jamais descendre que par ma volonté.

Voilà se borner à peu de chose, dit Pierre, mais enfin cela vous contentera donc ? Oui, répondit le bon homme, plus que tous les biens du monde. Quelle joie, poursuivit-il, seroit-ce pour moi de voir un coquin sur une branche demeurer là comme une souche en me demandant quartier ! Quel plaisir de voir comme sur un cheval de bois le misérable larron ! Ton souhait sera accompli, lui répondit Pierre et si le Seigneur fait, comme il est vrai, quelque chose pour ses serviteurs, nous l’en prierons de notre mieux.

Durant toute la nuit, Pierre et Paul se mirent effectivement en prières ; car, pour parler de coucher, le pauvre Misère n’avoit qu’une botte de paille qu’il voulut bien leur céder, mais qu’ils refusèrent absolument, ne voulant pas découcher leur hôte. Le jour venu, et après lui avoir donné toutes sortes de bénédictions, de même qu’à la voisine, qui en avoit usé si honnêtement avec eux, ils partirent de ce triste lieu et dirent à Misère qu’ils espéroient que sa demande seroit octroyée : que doré-