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je vous proteste qu’il n’y a pas seulement un morceau de pain ici.

Il n’importe, dit Pierre, pourvu que nous soyons à couvert, c’est tout ce que nous souhaitons. La voisine, qui s’étoit bien doutée qu’on ne trouveroit rien chez le pauvre Misère, étoit sortie fort doucement et rentra aussitôt, apportant quatre gros merlans tout rôtis, avec un gros pain et une cruche de vin de Suze. Je viens dit-elle, souper avec vous. Du poisson ! dit Pierre. Oh ! nous voilà admirablement bien ! Comment, monsieur, dit la voisine, est-ce que vous aimez le poisson ? Si j’aime le poisson, repril-il ; je dois bien l’aimer, puisque mon père en vendoit. Je suis fort heureuse, reprit la voisine, d’avoir un petit morceau de votre goût et qui puisse vous faire plaisir.

L’embarras se trouva très-grand pour se mettre à table, car il n’y en avoit point. La bonne voisine en fut chercher une ; enfin on mangea, et comme il n’est viande que d’appétit, les poissons furent trouvés admirablement bons ; il n’y eut que le maître de la maison qui n’en put pas prendre sa part. Il n’avoit cependant pas soupé, quoiqu’il fût couché lorsque cette compagnie était arrivée chez lui ; mais il lui étoit arrivé une petite aventure l’après-midi, qui l’avoit rendu de très mauvaise humeur aussi ne fit-il que conter ses peines, ses douleurs et ses afflictions durant tout le repas, à quoi les deux voyageurs parurent fort sensibles, et n’oublièrent rien pour sa consolation.