Page:Histoire de l'imagerie populaire (IA histoiredelimage00cham).pdf/156

Cette page n’a pas encore été corrigée

ne sçavez pas que l’argent est ordinairement la perte d’un grand nombre d’âmes, et qu’il seroit à souhaiter pour beaucoup de gens qu’ils n’en maniassent jamais de leur vie. Pour moi, lui dit-elle, je ne fais point de pareils souhaits ; j’en manie si peu, que je n’ai pas seulement le temps de regarder une pièce, pour sçavoir comme elle est faite. Tant mieux, dit Paul. Ma foi, tant mieux vous-même, lui réponditelle. Voilà une plaisante manière de parler. Si vous avez envie de vous moquer de moi, vous pouvez passer votre chemin hardiment, car aussi bien voilà votre camarade qui se morfond en vous attendant. Nous nous réchaufferons tantôt, lui répondit Paul ; mais, bonne mère, ne vous fâchez point, je vous pric, je n’ai nullement envie de vous rien dire qui vous fasse de la peine, et vous ne me connoissez pas, à ce que je vois. Allez, allez, monsieur, lui ditelle, continuez, s’il vous plaît, votre chemin, c’est de quoi je vous prie, car vous n’êtes qu’un engeôleur.

Pierre qui avoit entendu une partie de cette conversation, dont il étoit fort ennuyé, à cause d’un orage extraordinaire qui survint, s’étant approché : Cette femme, dit-il, devroit se mettre à couvert. Quelle nécessité de se mouiller de la sorte ? Est-ce un ouvrage si pressé, qu’il ne puisse se remettre à une autre fois ?

Courage, courage, dit-elle, l’un raisonne à peu près comme l’autre. On remet la besogne du monde comme cela, en votre pays ? Malpeste ! vous ne con-