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Misère, on ne sait guère au juste son histoire ; mais je vous proteste, foi d’honnête homme, que rien n’est plus sincère et plus véritable, et je doute même que dans le voyage que vous allez faire, vous appreniez rien de plus sérieux.

Je vous dirai donc que deux particuliers, nommés Pierre et Paul, s’étant rencontrés dans ma paroisse, qui est passablement grande, et dont les habitans seroient assez bien à leur aise si Misère n’y demeuroit pas, en arrivant à l’entrée de ce lieu, du côté de Milan, environ sur les cinq heures du soir, étant tous deux trempés, comme on dit, jusqu’aux os :

Où logerons-nous ? demanda Pierre à Paul. Sur ma foi, répondit-il, je n’en sçais rien, je ne connois pas le terrain, je n’ai jamais passé par ici. Il me semble, reprit Paul, que sur la main droite voici une grosse et belle maison, qui paroît appartenir à quelque riche bourgeois ; nous pourrions lui faire la prière, si c’est son bon plaisir, de vouloir bien nous loger pour cette nuit, étant mouillés comme nous le sommes de cet orage. — J’y consens de tout mon cœur, dit Pierre ; mais il me paroît, sauf votre meilleur avis, qu’il seroit bon, auparavant que d’entrer chez lui, de nous informer dans le voisinage quelle sorte d’homme c’est que le maître de ce logis, s’il a du bien et s’il est aisé, car on s’y trompe assez souvent. Avec toutes les belles maisons qui paroissent à nos yeux, nous trouvons pour l’ordinaire que ceux