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curé fort bon homme, et qui aimoit extrêmement à rapporter quelques petites histoires fort divertissantes. J’ai retenu celle-ci, qui m’a paru digne d’être mise au jour, et comme elle ne roule que sur la Misère, peut-être craignez-vous qu’elle ne soit ennuyeuse ; mais point du tout, elle est très-agréable. Auparavant de vous la raconter, je vous dirai que je la rapporte telle qu’il nous la donna pour lors, ainsi que vous allez l’entendre :

Vous trouverez sans doute à redire, messieurs, commença notre bon homme de curé, de ce que je ne vous entretiens ici que de Misère. Chacun, dit-il, a ses raisons, et vous ne sçauriez pas les miennes si je ne vous les expliquois. Vous n’en êtes sans doute pas informés ce mot Misère ne se dit pas pour rien ; très-peu de gens sçavent que ce nom est celui d’un des principaux habitans de ma paroisse, lequel assurément n’est pas riche, mais il est fort honnête homme, quoique ce ne soit que misère chez lui. C’est dommage que ce cher paroissien soit si peu aimé, lui qui est tant connu, dont l’âme est si noble et généreuse, si bon ami, si prêt à servir dans toutes les occasions, si affable, si courtois, et si honnête et aimable enfin, que dirai-je de plus, lui qui n’a pas son pareil dans le monde et n’en aura jamais, tant que le monde sera monde.

Vous allez peut-être croire, nous dit-il, messieurs et amis, que ce que je m’en vais vous dire est un conte fait à plaisir ; quoiqu’on parle tant du pauvre