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province, sans se préoccuper de la concurrence, imprimaient et réimprimaient sans relâche, à bas prix, une brochure de vingt pages, empreinte d’un esprit plein de douceur et de fraternité.

Et il a fallu la plume un peu trop rapide de M. Jules Janin pour dire « Entre autres histoires se vendait déjà l’histoire épouvantable de Bonhomme Misère, publiée à cent mille éditions, et chaque édition non corrigée, mais revue et considérablement augmentée et agrandie de toutes les haines et de toutes les vengeances que le cœur de l’homme et la besace du romancier peuvent contenir[1] ! »

Il n’y a pas eu cent mille éditions du Bonhomme Misère ; l’histoire n’en est pas « épouvantable. » Aucune des éditions, sauf quelques variantes insignifiantes de style, n’est augmentée d’une seule ligne. N’étant ni revue ni considérablement augmentée, la légende ne saurait être agrandie des haines et des vengeances dont parle M. Jules Janin. Aussi est-il difficile d’admettre, à propos du déluge de « mauvais livres, fils du dix-huitième siècle, » que le critique mêle l’épouvantable histoire du Bonhomme Misère avec l’histoire de Madelon Friquct, celle de Gribouille, celle de Jocrisse, de Cadet la Geinjolle, de Drolibus, de Nicdouille, etc…

  1. Jules Janin, les Gaietés champêtres, 2 vol. in-8°, Michel Lévy, 1851.