Page:Histoire de l'imagerie populaire (IA histoiredelimage00cham).pdf/150

Cette page n’a pas encore été corrigée

sidérables, et on peut évaluer à plusieurs millions d’exemplaires les tirages, depuis près de deux siècles, de ce conte dont l’auteur était resté inconnu jusqu’ici.

L’approbation de censeur la plus ancienne que je connaisse est datée du 1er juillet 1719. Malgré mes recherches, je n’ai pu trouver de Bonhomme Misère imprimé avant cette époque, quoique le conte soit mentionné dans le catalogue des livres de la Bibliothèque bleue, qui se vendaient chez la veuve Oudot, rue de la Harpe, à l’image Notre-Dame, à Paris. Malheureusement, ce catalogue ne porte pas de date ; on sait seulement que Nicolas Oudot ouvrit boutique en janvier 1665, dans cette même rue et à la même enseigne, pour y débiter plus particulièrement la Bibliothèque bleue. Il est donc présumable qu’avant l’année 1700 le Bonhomme Misère faisait partie de la collection du libraire.

Cette recherche de dates peut sembler puérile ; il importe cependant de montrer à quelle époque la légende exerçait son empire sur le peuple et quelles racines profondes l’ont fixée, depuis bientôt deux cents ans, dans sa mémoire. Quand on verra la conclusion du conteur, on se demandera sous quel règne un conteur concluait de la sorte ; et c’est en ceci que la science bibliographique apporte des documents aussi utiles à l’historien qu’au philosophe.

Ainsi, vers la fin du dix-septième siècle ou dans la première moitié du dix-huitième, diverses villes de